En théorie classique de l'électromagnétisme (équations de Maxwell), un milieu linéaire (isotrope) est entièrement défini par son indice complexe. On se place en régime sinusoïdal, où la dépendance temporelle est de la forme exp(iωt). L'indice complexe est :
La partie imaginaire est l'indice d'atténuation.
On se limite au cas des matériaux non magnétiques, car les matériaux ferromagnétiques sont non linéaires. La densité volumique de puissance dissipée dans le milieu, pour un champ électrique d'amplitude E, est :
La partie imaginaire du carré de l'indice est donc négative, ceci étant lié à la convention précisée plus haut pour la dépendance temporelle.
L'indice du milieu peut être relié à sa permittivité relative et à sa conductivité par la relation :
L'absorption est déterminée par la partie imaginaire de la permittivité et par la partie réelle de la conductivité. Il faut toutefois remarquer que, du point de vue de la résolution des équations de Maxwell, rien ne distingue un matériau conducteur d'un diélectrique absorbant. Expérimentalement, on accède à l'indice complexe.
On considère le milieu absorbant formant un demi-espace. La surface est supposée plane et non diffusante (réflexion spéculaire). Les coefficients de réflexion à partir du vide sont donnés par les relations de Fresnel.
En pratique, pour mesurer ce coefficient de réflexion sur des matériaux peu absorbants, il faut utiliser une face d'un prisme du matériau. En effet, l'utilisation d'une lame à faces parallèles conduit à des réflexions multiples avec interférences. Pour un matériau fortement absorbant, il suffit d'utiliser une lame d'épaisseur suffisante pour absorber complètement l'onde transmise.
Les deux fonctions suivantes calculent les coefficients de réflexion en puissance (ondes TE et TM) en fonction de l'indice du milieu d'incidence, de l'indice du milieu absorbant et de l'angle d'incidence :
function R=reflexionTE(n1,n2,theta1) cosTheta2=sqrt(1-(n1*sin(theta1)/n2)^2); R=abs((n1*cos(theta1)-n2*cosTheta2)/(n1*cos(theta1)+n2*cosTheta2))^2 endfunction function R=reflexionTM(n1,n2,theta1) cosTheta2=sqrt(1-(n1*sin(theta1)/n2)^2); R=abs((n2*cos(theta1)-n1*cosTheta2)/(n2*cos(theta1)+n1*cosTheta2))^2 endfunction
En incidence normale, le coefficient de réflexion des puissances est :
On étudie tout d'abord l'influence de la partie imaginaire de l'indice complexe. La fonction suivante fournit un vecteur de coefficients de réflexion pour un vecteur de κ donné :
function [R]=reflexNormale(n,kappa) npts=length(kappa); R=zeros(npts); for p=1:npts, R(p)=reflexionTE(1,n-%i*kappa(p),0); end, endfunction
On trace le coefficient de réflexion pour différentes valeurs de l'indice n :
kappa=[0:0.01:10];
plot1=scf(); plot2d(kappa,reflexNormale(0.5,kappa),style=4,rect=[0,0,10,1.5]); plot2d(kappa,reflexNormale(1,kappa),style=5); plot2d(kappa,reflexNormale(2,kappa),style=6); plot2d(kappa,reflexNormale(4,kappa),style=9); xtitle('','K','R'); legend('n=0.5','n=1','n=2','n=4');Figure pleine page
Un bon réflecteur est généralement obtenu avec un coefficient κ supérieur à 1. On parle dans ce cas de réflexion métallique. Par exemple, pour l'aluminium à 590 nm, le coefficient de réflexion est :
R=reflexNormale(1.44,5.32)
0.8318543
Inversement, la réflexion vitreuse est obtenue lorsque le coefficient κ est petit devant l'indice n. Par exemple : l'eau à une fréquence de 10 GHz :
R=reflexNormale(8,1.2)
0.6118389
Dans ce cas, la réflexion est principalement due à la permittivité élevée de l'eau (partie réelle de εr)
Ces deux exemples montrent que la mesure seule du coefficient de réflexion ne permet pas de conclure sur l'importance relative de n et κ.
Avec une lame à faces parallèles du matériau absorbant, il est possible de mesurer le coefficient de réflexion R et de transmission T. L'absorption dans la lame est donnée par :
Pour le calcul, on utilise la théorie des systèmes multicouches.
Le module scilab multilayer.sci permet de calculer les coefficients de réflexion et de transmission d'une structure multicouches.
La longueur d'onde est prise comme unité de longueur pour l'épaisseur de la lame. La fonction suivante calcule les coefficient de réflexion, de transmission et d'absorption en incidence normale (puissances), pour différentes valeurs de l'épaisseur. Le milieu extérieur est l'air.
getf('multilayer.sci'); function [R,T,A]=reflexionLame(n,kappa,e) npts=length(e); R=zeros(npts); T=zeros(npts); A=zeros(npts); for p=1:npts, [R(p),T(p)]=coefficientsRTpuissances(1,1,0,1,1,[n-%i*kappa,e(p)]); A(p)=1-T(p)-R(p); end, endfunction
Dans ce cas, la réflexion est principalement causée par l'indice n, lorsqu'il est différent de 1.
e=[0:0.001:2]; [R1,T1,A1]=reflexionLame(2,0.1,e); [R2,T2,A2]=reflexionLame(2,0.2,e); [R3,T3,A3]=reflexionLame(2,0.5,e);
plotB=scf(); plot2d(e,R1,style=5,rect=[0,0,2,1]); plot2d(e,R2,style=6); plot2d(e,R3,style=9); legend('n=2, K=0.1','n=2, K=0.2', 'n=2, K=0.5'); xtitle('Reflexion','e/lambda','R');Figure pleine page
plotC=scf(); plot2d(e,T1,style=5,rect=[0,0,2,1]); plot2d(e,T2,style=6); plot2d(e,T3,style=9); legend('n=2, K=0.1','n=2, K=0.2', 'n=2, K=0.5'); xtitle('Transmission','e/lambda','R');Figure pleine page
plotD=scf(); plot2d(e,A1,style=5,rect=[0,0,2,1.5]); plot2d(e,A2,style=6); plot2d(e,A3,style=9); legend('n=2, K=0.1','n=2, K=0.2', 'n=2, K=0.5'); xtitle('Absorption','e/lambda','R');Figure pleine page
Pour une épaisseur inférieure à la longueur d'onde, le coefficient de réflexion présente des oscillations importantes en fonction de l'épaisseur. Ces oscillations sont la conséquence des réflexions multiples, qui deviennent négligeables seulement lorsque l'épaisseur est suffisante pour absorber complètement l'onde. La réflexion est très faible pour une épaisseur égale au quart et à la moitié de la longueur d'onde. Pour effectuer des mesures, il est préférable de ce placer sur un maximum de réflexion, par exemple :
e=[0:0.001:0.5]; [R1,T1,A1]=reflexionLame(2,2,e); [R2,T2,A2]=reflexionLame(2,3,e); [R3,T3,A3]=reflexionLame(2,5,e);
plotE=scf(); plot2d(e,R1,style=5,rect=[0,0,0.5,1]); plot2d(e,R2,style=6); plot2d(e,R3,style=9); legend('n=2, K=2','n=2, K=3', 'n=2, K=5'); xtitle('Reflexion','e/lambda','R');Figure pleine page
plotF=scf(); plot2d(e,T1,style=5,rect=[0,0,0.5,1]); plot2d(e,T2,style=6); plot2d(e,T3,style=9); legend('n=2, K=2','n=2, K=3', 'n=2, K=5'); xtitle('Transmission','e/lambda','R');Figure pleine page
plotG=scf(); plot2d(e,A1,style=5,rect=[0,0,0.5,1.5]); plot2d(e,A2,style=6); plot2d(e,A3,style=9); legend('n=2, K=2','n=2, K=3', 'n=2, K=5'); xtitle('Absorption','e/lambda','R');Figure pleine page
Dans ce cas, la mesure de la transmission nécessite des épaisseurs beaucoup plus faible. En revanche, le coefficient de réflexion ne présente pas de minima.
Dans le domaine des micro-ondes à, l'eau possède à la fois un indice n élevé et un indice d'atténuation κ non négligeable. Des données complètes sur l'eau sont présentées dans Water structure and science. À 10 GHz, la permittivité relative de l'eau à 20 degrés celcius est
L'indice complexe est donc :
e=[0:0.001:0.5]; [R1,T1,A1]=reflexionLame(8,1.9,e);
plotH=scf(); plot2d(e,R1,style=5,rect=[0,0,0.5,1]); plot2d(e,T1,style=9); plot2d(e,A1,style=14); legend('R','T','A'); xtitle('Eau (10 GHz)','e/lambda','');Figure pleine page
Le coefficient de transmission est non nul pour des épaisseurs inférieures à environ 5 mm. Pour ce type de matériau, les mesures de R et T à une épaisseur arbitraire ne donnent aucune information directement utilisable. Il faut mesurer ces coefficients pour différentes épaisseurs et ajuster les données avec ces courbes théoriques.