On considère une toupie en contact avec un plan. En plus du mouvement gyroscopique (précession et nutation), on observe différents mouvements du centre de gravité de la toupie. Ceux-ci sont causés par les forces de frottement entre la pointe de la toupie et le plan.
L'objectif de cette page est d'établir les équations différentielles du mouvement de la toupie, en vue de leur intégration numérique selon la méthode exposée dans équations du mouvement d'un solide. La pointe de la toupie est modélisée par une sphère, ce qui permet d'avoir un contact ponctuel quelque soit l'orientation de la toupie. La force de frottement au point de contact est modélisée avec les lois de Coulomb du frottement solide.
La figure suivante représente la toupie, dont la pointe est assimilée à une sphère. On note C le centre de cette sphère et r son rayon. Le centre de masse de la toupie est noté G et on définit la distance L = CG. Soit Rs=(Gxsyszs) le repère lié au solide formé des axes propres du tenseur d'inertie au point G; l'axe Gzs est l'axe de symétrie de la toupie, contenant le point C. Soit P le point de contact avec le plan.
Le repère d'espace R=(Oxyz) est lié au support, lequel est supposé constituer un référentiel inertiel. L'axe Oz est choisi perpendiculaire au plan et fait un angle α par rapport à la direction verticale (plan incliné).
Figure pleine pageL'orientation de la toupie est définie par la matrice orthogonale Q dont les éléments sont notés qij. On utilisera également les angles d'Euler . Cette matrice permet de calculer les composantes d'un vecteur dans le repère R en fonction des composantes dans Rs. On a par exemple :
La hauteur du centre de masse est :
La vitesse du point de contact est :
Les composantes de la vitesse angulaire sur le repère d'espace sont :
On en déduit les composantes de la vitesse du point de contact :
On introduit les composantes de la vitesse angulaire dans le repère du solide avec
La vitesse de glissement est donc :
Soit N la réaction normale du plan au point P et T la force de frottement. Le théorème de la résultante cinétique s'écrit :
En projection sur le repère d'espace, on en déduit les trois équations suivantes
La dernière équation permet d'exprimer la force normale en fonction de q33 :
On exclue la possibilité d'un mouvement sans glissement de la toupie. Soit f le coefficient de frottement entre la pointe et le plan. La force de frottement est donnée en fonction de la vitesse de glissement calculée plus haut par :
Le théorème du moment cinétique au centre de masse s'écrit :
Les composantes du moment des forces dans le repère d'espace sont donc :
Les composantes du moment dans le repère du solide sont :
Le théorème du moment cinétique écrit en projection sur le repère du solide conduit aux équations d'Euler :
La symétrie de révolution de la toupie autour de l'axe zs impose I1=I2.
Le système différentiel est tout d'abord constitué des 3 équations d'Euler ci-dessus et des 9 équations suivantes pour la transformation orthogonale :
On ajoute les 4 équations suivantes, correspondant au mouvement du centre de masse :
Malheureusement, ce système n'est pas explicitement du premier ordre. En effet la force de frottement et le moment des forces font intervenir la force Nz calculée par la relation suivante :
En dérivant l'équation (36) par rapport au temps, on a
Lors de l'évaluation des dérivées (équations 25 à 40), il faut donc avoir accès aux dérivées de la vitesse angulaire calculées au pas de temps précédent. Les solveurs utilisés communément, comme celui de Scilab, n'offrent pas cette possibilité. Il faudra donc écrire un solveur sur mesure.
Une autre approche consiste à supposer que l'accélération selon z du centre de masse est petite par rapport à l'accélération de la pesanteur. Cette hypothèse est très probablement vérifiée lorsque la toupie est en mouvement de précession. On a alors en première approximation :
Une fois les dérivées évaluées en utilisant cette approximation, on peut calculer une valeur corrigée de Nz avec les équations (42) et (41), puis recommencer le calcul si l'écart par rapport à (43) est trop fort.
On définit les paramètres suivants
L'unité des forces est choisie égale à mg et l'unité de longueur égale à L. L'équation (41) devient donc :
Les équations d'Euler s'écrivent :
Les équations (39) et (40) s'écrivent :
L'unité de temps sera fixée par la vitesse de rotation initiale de la toupie ω0=2π. Pour une toupie rapide, les paramètres a et b sont petits.
La fonction suivante effectue l'intégration numérique pour des paramètres et des conditions initiales donnés. Voir toupie à point fixe pour plus de détail sur les conditions initiales. La vitesse initiale du centre de masse est supposée nulle.
function [t,y]=solution(i,a,b,r,alpha,f,omegaP,omega0,theta0,tmax,te), c=cos(theta0), s=sin(theta0), Nz0=cos(alpha) sa=sin(alpha) function deriv=systeme(t,y), Nz=Nz0, e=y(10)*y(1)+y(11)*y(2)+y(12)*y(3), vpx=y(15)-(y(7)*y(1)+y(8)*y(2)+y(9)*y(3))*(y(12)+r)+e*y(9), vpy=y(16)+(y(4)*y(1)+y(5)*y(2)+y(6)*y(3))*(y(12)+r)-e*y(6), vp=sqrt(vpx*vpx+vpy*vpy), Tx=-f*Nz*vpx/vp, Ty=-f*Nz*vpy/vp, n1=-y(9)*Nz+(y(12)+r)*Ty, n2=y(6)*Nz-(y(12)+r)*Tx, n3=-y(6)*Ty+y(9)*Tx, deriv(1)=(1-i)*y(2)*y(3)+a*i*(y(4)*n1+y(7)*n2+y(10)*n3), // omegaS1 deriv(2)=(i-1)*y(1)*y(3)+a*i*(y(5)*n1+y(8)*n2+y(11)*n3), // omegaS2 deriv(3)=a*(y(6)*n1+y(9)*n2+y(12)*n3), // omegaS3 deriv(4)=y(3)*y(5)-y(2)*y(6), // q11 deriv(5)=y(1)*y(6)-y(3)*y(4), // q12 deriv(6)=y(2)*y(4)-y(1)*y(5), // q13 deriv(7)=y(3)*y(8)-y(2)*y(9), // q21 deriv(8)=y(1)*y(9)-y(3)*y(7), // q22 deriv(9)=y(2)*y(7)-y(1)*y(8), // q23 deriv(10)=y(3)*y(11)-y(2)*y(12), // q31 deriv(11)=y(1)*y(12)-y(3)*y(10), // q32 deriv(12)=y(2)*y(10)-y(1)*y(11), // q33 deriv(13)=y(15), // x deriv(14)=y(16), // y deriv(15)=b*(Tx+sa), // vx deriv(16)=b*Ty, // vy endfunction init=[0;omegaP*s;omega0+omegaP*c;1;0;0;0;c;-s;0;s;c;0;0;0;0]; t=[0:te:tmax]; tolA=1d-6; tolR=1d-9; %ODEOPTIONS=[1,0,0,%inf,0,2,10000,12,5,0,-1,-1]; y=ode(init,0,t,tolR,tolA,systeme); endfunction
La fonction suivante calcule les différentes quantités à tracer :
function [a1,a2,a3]=calcul(y) a1 = y(1,:); a2 = a1 a3 = a1; s=size(a1); for i=1:s(2), a1(i)=y(4,i)*y(4,i)+y(7,i)*y(7,i)+y(10,i)*y(10,i), a2(i)=y(12,i), a3(i)=y(6,i)/sqrt(1-y(12,i)*y(12,i)), end; endfunction
tmax=10000; i=0.2; f=0.01; a=2*%pi*0.01; b=a*0.1; r=0.01; alpha=0; [t,y]=solution(i,a,b,r,alpha,f,0,2*%pi,20*%pi/180,tmax,1); [a1,a2,a3]=calcul(y);
La quantité suivante doit rester proche de 1 (matrice Q orthogonale), ce qui permet de contrôler la précision du calcul.
plotA=scf(); plot2d(t,a1,style=5,rect=[0,0.9,tmax,1.1]); xtitle('q11^2+q21^2+q22^2','t','');plotA.pdf
plotB=scf(); plot2d(t,a2,style=5,rect=[0,0,tmax,1]); xtitle('cos(theta)','t','');plotB.pdf
plotC=scf(); plot2d(t,a3,style=5,rect=[0,-1,tmax,1]); xtitle('sin(phi)','t','');plotC.pdf
La figure suivante représente l'intersection de l'axe de la toupie avec une sphère centrée sur le centre de masse.
plotD=scf(); param3d(y(6,:),y(9,:),y(12,:),35,45,'x@y@z',[3,4],[-1,1,-1,1,-1,1]);plotD.pdf
La toupie a un mouvement de précession sans nutation visible. On constate de plus que l'axe de la toupie se rapproche progressivement de la direction verticale, ce qui est un effet de la force de frottement. Voyons à présent le mouvement du centre de masse :
plotE=scf(); plot2d(y(13,:),y(14,:),style=5,rect=[-2,-4,2,0]) plotE.axes_size=[450,500]; xtitle('','xG','yG');plotE.pdf
Après une phase transitoire, le mouvement de G est circulaire. Il s'agit d'un effet de la force de frottement.